A Bethléem, ce sont les bergers qui veillaient dans
les champs pour garder leurs troupeaux qui entendirent les premiers les chants
de louange chantés par les anges pour la naissance du Sauveur, le Christ.
Puis ce furent des Mages qui, venus de loin, cherchèrent
où était le roi des Juifs et finirent par trouver l’humble maison où il se
trouver et lui présentèrent leurs hommages.
Avec Luc, nous revenons à Jérusalem, plus précisément au
cœur de la vie religieuse d’Israël : le Temple. Syméon, dont le récit nous
laisse penser qu’il était déjà un vieillard, est surtout qualifié par cette
note particulière : « un homme juste et religieux, qui attendait
la Consolation d’Israël, et l’Esprit Saint était sur lui. »
Cette attente se trouve enfin comblée lorsqu’il reconnaît
dans le bébé, présenté par ses parents selon la Loi, le salut préparé par Dieu
à la face des peuples, lumière pour les nations et gloire d’Israël son peuple.
Il peut s’effacer devant lui, « s’en aller » dit le texte.
Enfin, Anne, femme de 84 ans et veuve depuis longtemps – ce
qui suggère, en langage des évangiles, qu’elle fait partie de ces pauvres qui
n’ont guère que des piécettes pour vivre (cf. Mc 12,42 ; Lc 21,2) – n’est
pas aigrie ou amère, se complaisant dans son état. Elle continue à servir
Dieu « jour et nuit, dans le jeûne et la prière ». Cette fois, ce ne
sont pas des anges qui viennent d’en-haut chanter les louanges de Dieu, mais
c’est elle qui élève sa faible voix pour « proclamer les louanges de Dieu
et parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ».
Ces 4 verbes : veiller, chercher, attendre
et servir définissent une même disposition du cœur :
l’espérance. Ne pas s’endormir, recroquevillé sur ses rancœurs ou son petit
bonheur, chercher sans s’arrêter à ce qu’on sait et connaît déjà, attendre la
Consolation et non la catastrophe finale, enfin faire tout cela en agissant,
dans un esprit de service de Dieu et du prochain, voilà ce que cette année
sainte nous rappelle : nous sommes pèlerins d’espérance et non
prophètes de malheur, capables de chanter les louanges de Dieu depuis nos
existences fragiles et périssables, et prêts à ouvrir nos bras pour recevoir
avec crainte et tremblement Dieu qui se fait tout petit pour s’y lover. Offrons-le
au monde : Il est l'Amour tout-puissant bien qu'encore frêle et dépendant.
Père Jean-Michel Poirier
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